En 1845 est publié un livre consacré à l'église de Saint-Savin et à ses remarquables peintures romanes. Il s'agit de la première étude consacrée en France à des peintures murales datant du Moyen Âge.
Rédigé par Prosper Mérimée, il comprend une notice descriptive et historique de 119 pages et 42 planches gravées qui illustrent les peintures murales de l'église. Il est publié à 1 000 exemplaires, dans la Collection des documents inédits relatifs à l'histoire de France, collection créée par François Guizot, alors ministre de l'Instruction publique.
Nous vous proposons de découvrir les 42 planches gravées de cet ouvrage.
La page de titre de l'ouvrage.Les peintures murales recouvrent une partie du clocher-porche, la voûte de la nef, les chapelles du chœur et la crypte où étaient déposées les reliques des saints légendaires Savin et Cyprien, à qui l'église est dédiée.
Elles illustrent plusieurs textes de la Bible : l'Apocalypse de saint Jean dans le clocher-porche, des épisodes de la Genàse et de l'Exode sur la voûte de la nef, des scànes de vie de saints dans les chapelles du chœur et la vie des saints Savin et Cyprien dans la crypte.
La voûte de la nef de l'église de Saint-Savin. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / A. Maulny, 1991.
En 1834, Prosper Mérimée, écrivain connu pour ses nouvelles, est nommé inspecteur des monuments historiques. Cette fonction a été créée par François Guizot, en 1830, afin de recenser les monuments historiques dignes de recevoir des aides du gouvernement pour leur restauration.
En 1835, Prosper Mérimée visite l'église de Saint-Savin et découvre les peintures murales du 11e siècle qui ornent l'édifice. Immédiatement séduit par cet exceptionnel ensemble peint, il s'emploie à faire restaurer le monument et son décor.
Conscient de la fragilité des peintures et de leur lent effacement, il fait réaliser des relevés aquarellés qui sont publiés, en accompagnement de sa notice historique et descriptive, dans le livre de 1845.
Portrait de Prosper Mérimée
C'est au cours de l'hiver 1840 que le peintre parisien Jean Albert Gérard-Seguin exécute les relevés des peintures murales de l'église de Saint-Savin. L'édifice est en cours de restauration et le peintre profite des échafaudages intérieurs pour mener à bien sa mission.
Les aquarelles sont ensuite imprimées grâce au nouveau procédé de gravure en couleurs, la chromolithographie, mise au point en France par Engelmann et père et fils. Les 42 planches sont livrées en quatre fois.
Les 38 planches signées par Jean Alfred Gérard-Seguin reproduisent les scènes visibles en 1840 ; elles sont complétées par un relevé général des peintures de la voûte de la nef (planche 4).
Relevé aquarellé du peintre Gérard-Seguin (planche 20).
Les relevés réalisés par Jean Alfred Gérard-Seguin ne sont pas des copies fidèles des peintures murales. Les traits des visages sont réguliers et adoucis, le peintre les interprétant dans un style vraisemblablement influencé par son apprentissage auprès du peintre néo-classique Jérôme-Martin Langlois.
Le modelé des corps, que les peintres de Saint-Savin esquissent avec des traits blancs, n'est pas reproduit par Jean Alfred Gérard-Seguin dans les gravures ; les couleurs sont uniquement rendus par des aplats.
Détail de l'Apparition de Dieu à Abraham : à gauche, la peinture murale ; à droite, le relevé (planche 20).