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Les hommes partent en guerre

Les soldats pictons et charentais apprennent, par l’ordre de mobilisation générale du 2 août 1914 et par voie de presse, que la guerre a éclaté. Ils se regroupent sur les places des villes et des villages prêts à partir. Ils ne se doutent pas que les attend un nouveau type de guerre, ou l’artillerie prédomine.

Les hommes partent en guerre

Un conflit inattendu ?

Des relations internationales tendues

Bien avant 1914, les relations entre les différents états européens sont tendues. Plusieurs alliances se créent entre les puissances européennes. Elles engagent les pays à soutenir leurs alliés en cas d’attaques ennemies. La Triple-Alliance (ou Triplice) regroupe l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie. À l’opposé, la Triple-Entente (ou l’Entente) réunit la France, la Russie et la Grande-Bretagne. Des conflits, quelques années avant la guerre, entraînent une course aux effectifs et aux armements. Les budgets militaires de ces pays augmentent d’environ 50 % entre 1908 et 1913.

Le 28 juin 1914, le prince héritier de l’Autriche-Hongrie, François-Ferdinand, est assassiné à Sarajevo. C’est l’événement qui sert de prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le 2 août 1914, la mobilisation générale est décrétée en France, le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Dans les deux camps, on proclame que l’on se bat pour la défense de la Patrie et pour le Droit.

L’état de mobilisation

Le 1er août 1914, à 16 h, la mobilisation est annoncée par le biais d’affiches, par le tocsin et le roulement des tambours. Le 2 août 1914, la mobilisation générale est décrétée. Elle est symbolisée par une affiche officielle placardée devant les mairies. Elle appelle tous les hommes de 20 à 48 ans à rejoindre sans délai leur unité d’affectation. Tous ne partent pas le même jour, les départs s’échelonnent tout au long du mois d’août. Dans la région et à proximité, ces unités sont situées à Périgueux, à Limoges et à Angoulême. Au total, la guerre mobilise en France – qui compte alors 39 millions d’habitants – près de huit millions de soldats.

Des populations préparées à la guerre ?

Dans les carnets que les instituteurs d’Angoulême rédigent durant la guerre, ils expliquent que la « mobilisation ne fut pas un fait inattendu, les journées que nous avions vécues nous y avaient préparés ». Compte tenu de la montée des tensions depuis les crises marocaines de 1906 et 1911, de la crise de Bosnie-Herzégovine de 1908 et de la survenue de la guerre dans les Balkans en 1912-13, la nouvelle de l’entrée en guerre de la France ne constitue pas une surprise pour ceux qui suivent l’actualité internationale au plus près (journalistes, instituteurs ou écrivains), mais pour la grande majorité de la population, l’ordre de mobilisation générale provoque stupeur et crainte.

Le voyage et l’arrivée dans les tranchées

Le départ sur le front

Les hommes rejoignent les dépôts du régiment afin de revêtir leur uniforme et d’être équipés. Puis ils gagnent, en défilant, la gare où les attend le train régimentaire en partance pour la zone de regroupement de leur armée d’appartenance. Celle-ci est située en Champagne et Lorraine pour les unités picto-charentaises. Les départs des mobilisés sont ritualisés et donnent parfois même lieu à des manifestations festives, voire à des petits débordements imputables à l’excitation et à la consommation excessive d’alcool, comme à Niort. Toutefois, l’image la plus fréquente est celle de Cognac, où la foule enthousiaste entonne la Marseillaise. Ces scènes de liesse masquent tant bien que mal les craintes des parents et épouses ou fiancées pour leurs fils, époux et jeunes promis. Ainsi que le souligne un instituteur de Cognac, dès que les soldats s’éloignent, « la foule […] est en proie à une intense émotion : bien des larmes coulent ».

Ceux qui partent pensent qu’ils vont être aux prises avec un conflit court, violent et victorieux. Beaucoup d’entre eux sont convaincus de livrer une guerre juste qui permettra de récupérer les départements alsaciens et la Moselle perdus en 1871. Le patriotisme des jeunes combattants de l’été 1914 s’est construit avec le triomphe de la République, grâce à l’école publique qui leur a inculqué, dès la prime enfance, les valeurs permettant d’accepter le sacrifice pour le pays, et au service militaire obligatoire – reposant sur la conscription – qui a forgé un esprit de citoyenneté combattante, lequel puise ses racines dans les guerres de la Révolution.

Le voyage jusqu’aux tranchées

Le sous-lieutenant poitevin Véron raconte en ces termes son voyage vers l’inconnu de la zone des armées : « Mon bataillon ne part qu’à 22 h. Départ au milieu de la foule enthousiasmée. Nous passons par Niort, Saint-Pierre-des-Corps puis Sens. Le voyage se fait dans de bonnes conditions. Nous mangeons bien et voyons au passage dans les gares tout le monde enthousiasmé. » Pour la majorité de ces hommes jeunes, il s’agit bien souvent du premier voyage effectué loin de leur région d’origine, et la curiosité se mêle à l’excitation d’être pris dans le tourbillon d’une grande aventure collective.

Vivre la guerre au front

La guerre connaît trois grandes phases. Une première période de guerre de mouvement (bataille des frontières, course à la mer en 1914), suivie d’une longue phase de guerre de positions – moins immobile qu’elle n’y paraît cependant – et enfin, une reprise de la guerre de mouvement, du printemps 1918 jusqu’à l’armistice de novembre 1918. Cette dernière phase est permise par les armes nouvelles et la contribution du corps expéditionnaire américain.

Les fameuses tranchées, qui symbolisent à bien des égards la guerre sur le front occidental, sont creusées par les Allemands dès leur échec à percer le dispositif français sur la Marne, en septembre 1914. D’emblée, ils emploient des moyens mécaniques puissants pour s’enfouir, tandis que les Français, surpris par cette attitude, se contentent tout d’abord de se mettre à l’abri dans des trous creusés à l’aide de leurs pelles individuelles.

Le quotidien des hommes, au fond de leur réseau inextricable de « boyaux » de communication et de tranchées, est difficile, quelle que soit la saison : boue, poussière, odeurs pestilentielles des corps en décomposition sous la chaleur, pourriture des denrées, eau potable souillée, trous d’aisance creusés à même le parapet… Les conditions climatiques des régions du nord-est de la France surprennent les soldats méridionaux. Elles imposent de déplacer les tirailleurs d’Afrique noire dans des régions d’hivernage, dans le Sud-Ouest ou en Provence, afin de diminuer leur risque d’exposition aux affections respiratoires, qui les emportent massivement à la mauvaise saison.
La faim et la soif sont communes aux soldats, même si le vécu de la guerre est différent selon le corps d’appartenance : infanterie, génie, artillerie. Poux, rats et puces rendent les conditions d’existence dans les tranchées extrêmement pénibles.

Cette guerre entraîne une utilisation massive de l’artillerie, comme les obus. Nettement moins meurtrière en nombre d’hommes que l’artillerie classique, l’arme chimique, pourtant interdite par la convention de La Haye de 1899, est employée pour la première fois par les Allemands, à l’aide de bonbonnes de chlore, près d’Ypres en avril 1915. Les combattants appréhendent particulièrement les effets du gaz sur les voies respiratoires, les yeux et la peau, car ils sont relativement démunis face à ce moyen de donner la mort en dépit des sonneries, drapeaux et masques de protection censés les avertir et les protéger.

Comment tenir dans ces conditions ? La camaraderie, l’hostilité face à l’ennemi, le patriotisme de certains peuvent apporter des solutions. Mais d’autres facteurs entrent en jeu. Les soldats savent que la justice militaire est implacable et très répressive. La seule évocation de l’arrière suffit à faire pression sur eux. Que penseraient leurs familles s’ils désertaient ? La culture de l’obéissance les pousse à tenir, tant dans les tranchées qu’au cours des attaques.

Cependant, les conditions ne sont pas toujours extrêmes. Les scènes d’assauts alternent avec de longs moments d’attente ; les soldats en profitent pour apprendre à connaître le pays, se faire prendre en photo…. C’est ainsi qu’André Plessis, Poitevin engagé dans le conflit, photographie plusieurs scènes de vie sur le front.

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