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L’arrière, une zone de guerre ?

L’actuel Poitou-Charentes est une région littorale, elle devient donc l’une des scènes d’opération de la guerre sous-marine gênant le ravitaillement de la France. Les côtes sont protégées tandis que les populations subissent le manque de certains produits. Les civils sont donc directement confrontés à la guerre, l’arrivée de blessés dans les hôpitaux militaires les confrontent à la réalité des combats. 

Le littoral, une zone de guerre ?

La guerre sous-marine

Au début du conflit, aucun des belligérants n’envisage de gêner le ravitaillement ennemi par le biais d’une guerre sous-marine. Pourtant, à partir de février 1915, l’Allemagne décrète que tout navire de commerce ennemi rencontré dans les eaux de la Grande-Bretagne et de l’Irlande doit être détruit. Dès septembre 1915, des U-boots (Untersee-Booten), navires submersibles allemands, sont signalés le long des côtes atlantiques.

En février 1917, la guerre sous-marine à outrance est décrétée. Les conséquences de ce blocus naval d’un genre nouveau se font ressentir jusque dans les Deux-Sèvres : craignant pour sa flotte marchande, la Grande-Bretagne décide de suspendre les importations provenant des chamoiseries et ganteries de Niort. Cette décision entraîne la fermeture des ateliers et des difficultés économiques importantes. De plus, la guerre sous-marine empêche l’approvisionnement des ports charentais et contrarie donc le ravitaillement normal des départements de l’intérieur des terres. Des denrées et matières premières de base telles que la farine, le sucre, la viande ou le charbon viennent à manquer, et leurs prix augmentent.

Protéger les côtes

Afin de prévenir les attaques des U-boots, les côtes de la Charente-Inférieure (actuelle Charente-Maritime) reçoivent une protection. Lorsque la guerre éclate en août 1914, la garde de cette frontière maritime est très affaiblie car ce littoral n’est plus jugé stratégiquement menacé depuis la fin de l’hostilité séculaire avec la Grande-Bretagne et la signature de l’Entente cordiale en 1904. On s’active donc à compléter la défense de Rochefort, ainsi que celle du pertuis d’Antioche, qui est la seule route praticable pour les grands navires se dirigeant vers l’embouchure de la Charente, La Pallice et Rochefort. Les fronts de mer des îles de Ré, Oléron et Aix sont protégés, ainsi que le fort de Royan qui commande l’entrée de la Gironde et l’accès au port de Bordeaux, et donc sa région industrielle. Plusieurs types de navires de guerre de petite taille comme les torpilleurs, patrouilleurs et dragueurs de mines sont censés protéger les côtes, mais leur rayon d’action est faible et ils doivent laisser les submersibles s’approcher dangereusement des parages des ports. À l’automne 1916, le charbonnier Cap Mazagran de Tonnay-Charente est torpillé, puis c’est le tour du vapeur Irma de Mortagne-sur-Gironde. Il n’est donc pas rare de retrouver, sur les côtes des îles de Ré et d’Oléron, les épaves de navires coulés au cours du premier conflit mondial.

Le 1er mai 1916, la Marine française prend la décision d’organiser l’aérostation maritime. Des bases aéronautiques se construisent ainsi à La Pallice, Rochefort-Soubise et Saint-Trojan afin de surveiller les mouvements ennemis. La guerre sous-marine, qui s’accélère en 1917, pousse la Marine à élargir leur nombre.

La Pallice, un port essentiel pour l’approvisionnement général de la France

Bien avant la guerre, le port de La Pallice est en relation avec les terres africaines, américaines ou scandinaves. Il joue un rôle important dans le commerce maritime français. Lorsque la guerre éclate, il devient un important port de débarquement pour le matériel, le personnel et la cavalerie des troupes coloniales. La Pallice reçoit également du charbon britannique et américain, ainsi que des céréales.

Les autres ports du département de Charente-Inférieure, Marans, Tonnay-Charente et Mortagne-sur-Gironde accueillent également des navires charbonniers.

 

Les hôpitaux : l’arrière face à la réalité du conflit

Environ la moitié des huit millions de soldats français envoyés sur le front séjournent, à un moment ou un autre, dans un hôpital militaire au cours du conflit. En fonction de la gravité de leurs blessures, les soldats sont pris en charge par l’infirmier de compagnie et les brancardiers de tranchées, puis transférés par l’ambulance vers l’hôpital de campagne situé à l’arrière immédiat des premières lignes. Ils sont « triés », pansés et opérés si leur état le permet ou le nécessite.

Par la suite, les soldats sont évacués, selon la gravité de leurs blessures, vers un hôpital de campagne de deuxième ligne (quand leur état ne nécessite qu’une petite convalescence ou, au contraire, ne permet pas d’envisager leur transfert) ou vers un hôpital d’une ville de l’arrière par train sanitaire, comme, en Poitou-Charentes, La Rochelle, Niort ou Rochefort. Ils sont parfois pris en charge dans des unités médicales temporaires à la campagne. Ainsi, le médecin de la petite commune de Lésigny, dans la Vienne, accueille les blessés acheminés depuis Châtellerault, dans la salle du Pré-du-Four aménagée pour l’occasion.

L’hôpital militaire Auffrédy à La Rochelle

Dès le 26 août 1914 les premiers blessés arrivent en gare de La Rochelle. Les soldats sont accueillis par des médecins et des infirmiers. Le médecin-chef de l’hôpital Auffrédy répartit les blessés entre les différentes formations sanitaires de la ville, selon la gravité des blessures, la spécialisation de certains centres et leur capacité d’accueil. L’hôpital militaire Auffrédy compte 300 lits et reçoit environ 10 000 blessés et malades entre 1914 et 1918. Il est limité du côté nord par la place d’Armes, aujourd’hui place de Verdun, à l’est par la rue Pernelle et à l’ouest par la rue Saint-Côme. Il constitue l’établissement central du secteur hospitalier de La Rochelle.

Lors des grandes batailles du front, notamment les batailles de la Marne en septembre 1914, ou encore de Verdun entre février et juin 1915, des pics sanitaires se font ressentir dans les établissements médicaux. Le grand nombre de blessés dû à ces combats entraîne un afflux de soldats prêts à être soignés dans la ville de La Rochelle. C’est pour cette raison que, dès août 1914, les moyens d’hospitalisation d’Auffrédy sont renforcés par la création de trois annexes : l’école de jeunes filles de Chavagnes, rue des Augustins, l’école Fénelon et le lycée de garçons Fromentin. Ces annexes sont choisies pour leur proximité avec l’hôpital Auffrédy afin de faciliter les visites du médecin-chef et d’éventuels transferts de patients.

… et ses annexes

Située 3 rue des Augustins, l’annexe Chavagnes fonctionne du 24 août 1914 au 19 juillet 1916. Il s’agit du premier hôpital annexe ouvert à La Rochelle. Il reçoit des malades et des blessés du front évacués par trains sanitaires. Au total, ce sont 2 247 blessés et malades qui sont soignés dans cette structure, composée de 100 à 120 lits. Cette annexe fonctionne en tant qu’hôpital grâce aux concours bénévoles des maîtresses et des anciennes élèves de l’école. Il accueille en 1915 un service d’ORL, car de nombreux soldats perdent l’ouïe au cours des bombardements. L’établissement reprend sa fonction initiale d’école de jeunes filles en 1916.

En fonction du 31 août 1914 au 8 février 1919, l’annexe Fénelon traite des cas relevant d’une prise en charge chirurgicale. Entre 100 et 200 lits accueillent les soldats opérés. D’ailleurs, ce centre est désigné en décembre 1914 comme le centre chirurgical de la place de La Rochelle. En 1916 l’établissement compte un service d’ophtalmologie, des salles d’opération et de pansements, une salle de radiographie, un cabinet dentaire, deux salles pour les grands opérés, une salle réservée aux officiers en traitement et une pour les prisonniers de guerre hospitalisés. Pas moins de 6 102 personnes y sont traitées durant la guerre.

Composée de 222 lits, l’annexe du lycée Fromentin reçoit, du 6 septembre 1914 au 1er septembre 1916, les convalescents évacués de l’hôpital Auffrédy et accueille au total 3 616 blessés et malades.

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