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La fin de la guerre

 La fin de la guerre se caractérise par l’apparition de la grippe espagnole. Le 11 novembre, jour de l’armistice, est un épisode de liesse dans le Poitou et les Charentes. Date qui marque la fin des hostilités sur le front, les civils attendent désormais le retour des soldats. 

La fin de la guerre

Une conséquence de la mondialisation du conflit : la « grippe espagnole »

Une épidémie mondiale

De 1918 à 1919, la grippe espagnole fait plus de victimes que la guerre elle-même. Les soldats sont les plus touchés, mais la population civile subit également le fléau. Maux de tête, sensations de brûlures aux yeux, frissons, fièvre, voire délires, en constituent les principaux symptômes annonciateurs, suivis de tâches brunâtres ou violettes sur le visage. Ensuite, les malades respirent avec de plus en plus de difficulté, leurs pieds deviennent noirs. La mort, accompagnée de souffrances, survient rapidement.

Très vraisemblablement apparu en Chine à la fin 1917, le virus contamine les États-Unis en mutant de l’animal à l’homme au cours de l’année 1918. Il prend la forme d’une sévère pandémie en se diffusant en Europe au cours de la dernière année du conflit. La population est en proie à des peurs ancestrales, mettant en cause les étrangers, Américains ou travailleurs chinois. Le mal fait l’objet d’une censure de l’information par les autorités. Ce sont les journalistes qui prennent l’habitude de la dénommer « grippe espagnole » car elle frappe Barcelone en premier, en juin 1918. Officiellement, le mal est cantonné de l’autre côté de la chaîne pyrénéenne, mais personne n’ignore qu’elle fait rapidement des ravages en France, au sein de la population civile et des troupes.

La grippe espagnole a la particularité de toucher essentiellement les jeunes adultes. Ainsi, les mobilisés sont à la fois les victimes et les vecteurs de propagation de ce virus très contagieux. L’hospitalisation est vaine, le corps médical est totalement démuni ; cette forme d’épidémie défie toute forme de traitement. Au total, elle tue 2,5 à 5 % de la population mondiale, soit 30 à 50 millions de personnes, c’est-à-dire 4 à 6 fois plus que le nombre de victimes directes du conflit.

Les écoles des Deux-Sèvres face à la grippe

À l’automne 1918, les écoles des Deux-Sèvres sont touchées de plein fouet par l’épidémie de grippe espagnole. Dans l’école de garçons de Reffannes, des cas graves de grippe infectieuse sont déclarés et on signale plusieurs décès. Le préfet ordonne fréquemment la fermeture d’établissements scolaires. En décembre 1918, à Lageon et Ardilleux, les instituteurs souhaitent que les salles de classes soient décontaminées avant de reprendre les cours en janvier. À l’école de filles de Frontenay-Rohan-Rohan, sur les 132 inscrites lors de la rentrée 1918, 55 sont grippées le 13 décembre. Dans l’une des classes, sur 40 élèves, 30 sont malades. Même les instituteurs sont contaminés, comme à Coulonges-sur-l’Autize, où l’enseignante « tousse » et fait sa « classe péniblement ». On tente d’enrayer la grippe par divers moyens. Dans la presse, des publicités vantent les mérites d’un savon marseillais. On conseille à la population de faire attention à son hygiène. Cependant, rien n’y fait, personne ne sait d’où vient la grippe, personne ne sait comment l’arrêter.

La paix et le retour

Le 11 novembre 1918

Après quatre années de guerre, le 11 novembre 1918 marque la suspension des hostilités sur le front. Les belligérants signent à Rethondes une convention d’armistice. Partout, la joie et l’enthousiasme s’emparent de la population. C’est un véritable jour de liesse. En apprenant la nouvelle, le maire de Bressuire demande aux habitants de pavoiser leurs maisons afin de rendre hommage aux Bressuirais morts pendant la guerre. Dans la Vienne, le préfet souhaite que les monuments publics soient illuminés et que les cloches sonnent dans toutes les communes du département. À Poitiers, plusieurs coups de canons sont tirés.
Même en 1919, on continue de célébrer la victoire. À Poitiers encore, la place de l’hôtel de ville est remplie par la foule, lors de la fête de la victoire, le 11 novembre 1919.

La longue attente…

Après le 11 novembre 1918, le retour du soldat se fait attendre. Pour la première fois dans l’histoire, la démobilisation est une entreprise longue et complexe. Elle s’étale jusqu’en 1920 et diffère selon les pays. Les hommes sont démobilisés par classe d’âge. Dans l’armée française, 5 millions de soldats sont prêts à rentrer. Le retour se fait en deux phases, de novembre 1918 à avril 1919, et de juillet 1919 à septembre 1919. Les classes les plus jeunes sont libérées en mai-juin 1920 et en mars 1921.

Le parcours du lieu de départ vers le domicile est réglementé. Les soldats sont d’abord conduits vers un centre de groupement où les hommes sont réorganisés et conduits vers leurs dépôts démobilisateurs. Enfin, l’identité des soldats est vérifiée avant le versement de leur faible solde, soit 490 francs pour un an dans une unité combattante. Ils sont ensuite vêtus d’un costume, le plus souvent d’un uniforme réformé.

Ces étapes provoquent frustration, impatience et ennui. Elles retardent le retour des hommes et leur utilité est remise en question. Les hommes se plaignent de l’inconfort des trains de marchandises dans lesquels ils sont rapatriés. Pour les soldats, c’est comme si leur courage et les souffrances endurées pendant quatre ans n’étaient pas reconnus.

… avant le retour

Le 26 août 1919, pour célébrer le retour du 123e Régiment d’Infanterie, Eugène Decout, maire de La Rochelle, demande à ses concitoyens d’accueillir à bras ouverts les hommes de retour du front. Les rues du centre-ville sont décorées. En septembre, la ville organise des revues de troupes pour remercier et célébrer ses soldats. La foule est nombreuse et des banderoles à la « Gloire » et à l’ « Honneur » du 123e Régiment d’infanterie pavoisent certaines rues.

Mais que se cache-t-il derrière cette joie ? Est-il aussi simple pour les civils et les soldats de reprendre le cours normal de la vie ? La guerre marque une césure profonde. Elle touche les corps mais aussi les esprits des anciens combattants. Les civils ne savent pas toujours comment se comporter face à ces hommes de retour du front. Les motifs de dispute sont parfois futiles mais fréquents entre les « planqués » de l’arrière et ces anciens combattants qui ont du mal à retrouver leurs marques dans la vie civile, d’autant plus que la société aussi a évolué à l’arrière pendant leur absence. La plupart d’entre eux pensent que les civils ont vécu paisiblement durant quatre ans, alors qu’eux-mêmes ont subi l’épreuve des tranchées et des combats qui les ont profondément marqués. Le retour à une situation antérieure et à la vie quotidienne est difficile, voire impossible.

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